Suaveur
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- Publié le vendredi 20 novembre 2015
A moitié calme, à moitié bruyant, le lieu n'est certainement pas désert mais pas de quoi être agoraphobe non plus. Des lueurs se dandinent le long des mèches de bougies.
Des ombres se peignent au mur. Elle se recoiffe.
Elle prend une gorgée de muscat. Ses lèvres brillent aux abords du verre.
Elle repose le breuvage.
A chaque fois c'est pareil, mon coeur palpite, et pas que mon coeur d'ailleurs.
Quelle émotion cette bouche. Je me vos tour à tour lutin dansant aux commissures, serpent lancinant sur sa peau charnue, Ben E. King chantant dans les drapés rouges.
Mais cela n'est que le hors d'oeuvre, ce n'est que le foie gras et la confiture de mangue, en attendant le met principal.
Bientôt le serveur soulèvera les cloches.
J'invente le plat du bout de l'imaginaire.
Je suis en haleine. J'aime la sienne.
Ca y est, c'est maintenant. Dès les premiers instants, tout un univers s'ouvre à moi. Sucré, salé, fruité, amer... Peu m'importe, je déguste tout ce qu'elle me dit. Tantôt j'entends des coulis de framboise, tantôt c'est un peu trop poivré mais elle détient cette féminité capable d'arrondir les saveurs déroutantes.
Soudain, elle s'arrête de parler.
Et là, le vide, je tombe, l'impatience de la prochaine phrase. Je suis pendu...
Quelques mots surviennent "Lorsque tu es à court de mots, c'est le goût de la vie que je perds... le temps d'une respiration".