Eleonord
Des histoires d'L, ailes et elles; parfois, un peu il.
Suaveur (vendredi 20 novembre 2015)
A moitié calme, à moitié bruyant, le lieu n'est certainement pas désert mais pas de quoi être agoraphobe non plus. Des lueurs se dandinent le long des mèches de bougies.
Des ombres se peignent au mur. Elle se recoiffe.
Elle prend une gorgée de muscat. Ses lèvres brillent aux abords du verre.
Elle repose le breuvage.
A chaque fois c'est pareil, mon coeur palpite, et pas que mon coeur d'ailleurs.
Quelle émotion cette bouche. Je me vos tour à tour lutin dansant aux commissures, serpent lancinant sur sa peau charnue, Ben E. King chantant dans les drapés rouges.
Mais cela n'est que le hors d'oeuvre, ce n'est que le foie gras et la confiture de mangue, en attendant le met principal.
Bientôt le serveur soulèvera les cloches.
J'invente le plat du bout de l'imaginaire.
Je suis en haleine. J'aime la sienne.
Ca y est, c'est maintenant. Dès les premiers instants, tout un univers s'ouvre à moi. Sucré, salé, fruité, amer... Peu m'importe, je déguste tout ce qu'elle me dit. Tantôt j'entends des coulis de framboise, tantôt c'est un peu trop poivré mais elle détient cette féminité capable d'arrondir les saveurs déroutantes.
Soudain, elle s'arrête de parler.
Et là, le vide, je tombe, l'impatience de la prochaine phrase. Je suis pendu...
Quelques mots surviennent "Lorsque tu es à court de mots, c'est le goût de la vie que je perds... le temps d'une respiration".
Vois (jeudi 5 novembre 2015)
Voici une petit texte écrit lors de l'atelier d'écriture avec Isabelle Vouin au bistrot chic et boheme (Montpellier)
Petite voix se débat, se tortille afin de trouver la sortie. Mais sortir d'où pour aller où.Perdue dans un monde de faïence, sans faille apparente. Tout résonne la pureté.
Elle n'entend qu'une brillance cristalline. Elle pourrait se réjouir de cette clarté et pourtant que de malaise. Elle aimerait tant se sauver mais où... tout est reflet... aveuglée par l'intensité.
Elle essaie de chanter mais se juge si sombre.
Et pourquoi pas une mélodie. Do re mi fa sol la si... Donner - recevoir m'immonde face aux lassitudes d'un univers trop net.
Elle ne supporte plus tant de lumière, ne perçoit plus la sienne. Alors elle crie du plus profond des tripes, des toutes petites tripes.
Rien n'y fait, elle ne peut grimper plus haut que ce chant limpide, de ce chant de cathédrale.
Petite voix tremble. Cette lumière d'une blancheur éternelle lui fend le coeur.
Coûte que coûte, elle tente encore de porter sa voie mais le chemin parait vain.
Rien n'y fait. Elle s'assoit, se demande ce qu'elle va devenir dans cette immensité sans issue, sans fissure. Elle attend tout et rien à la fois, transie de désespoir. Quand sera-ce mon tour, quand pourrai-je enfin exister, révéler ce tout petit quelque chose.
Mais elle est bien trop fatiguée pour cultiver l'impatience. Petite voix regarde dans le vide du trop plein.
La lumière faiblit... suis-je en train de m'endormir. Le chant aussi se tamiser.
Mais c'est qu'elle commence à voir autour d'elle...
Petite voix ne s'est pas assoupie... c'est la dame qui est appelée par le sommeil.
Elle vois de plus en plus clair au fur et à mesure que les paupières se ferment.
C'est maintenant, c'est l'instant. Elle coure, elle coure à en perdre haleine. Elle zigzague, elle slalome entre les synapses et autres matières plus ou moins grises...
Ca y est, elle y est, enfin. Essoufflée mais si contente.
Petite voix prend une grande bouffée d'air et chuchote à l'oreille "Marie, s'il te plaît, ne cherche pas tant de perfection sinon tu ne m'entendras jamais".
Noire Soeur (mercredi 1 février 2012)
Dans le noir de ses yeux, j'ai cru un instant me perdre. Comme beaucoup d'enfants, j'ai peur du noir mais très vite, au plus profond du regard, s'est dessinée une merveilleuse constellation; elle rappelle l'immensité, la chaleur du désert et les danses africaines.